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L'éveil de la sexualité

L’adolescence est une période marquée par de grands changements durant laquelle les jeunes cherchent à développer une plus grande indépendance et autonomie. Cette période est propice à l’exploration de soi, des autres et de son environnement. Avec la puberté viennent aussi les changements corporels et, progressivement, l’éveil de la sexualité. Il est tout à fait normal que les adolescents et les adolescentes :

  • Se préoccupent davantage de leur apparence physique
  • Fassent preuve de curiosité
  • Se questionnent sur leur identité ou leur orientation sexuelle
  • Désirent séduire et plaire
  • Souhaitent expérimenter l’intimité affective et avoir des relations amoureuses
  • Explorent leur propre corps et ses sensations
  • Désirent avoir des rapprochements, des contacts physiques et sexuels

Les premières relations sexuelles

Nous avons parfois l’impression que les jeunes sont plus précoces que les générations précédentes sur le plan sexuel. L’âge de la première relation sexuelle chez les jeunes est pourtant stable depuis les années 1980 au Québec. Les premières relations sexuelles considérées comme précoces, c’est-à-dire avant l’âge de 14 ans, surviennent chez seulement 6% des jeunes. À l’âge de 17 ans, 50% des filles et 40% des garçons rapportent avoir eu leur première relation sexuelle.

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Alors pourquoi avons-nous cette impression ?

Au cours des dernières décennies, le contexte culturel a grandement évolué et a transformé le rapport au corps et à la sexualité chez les jeunes, mais aussi chez les adultes. Qu’il s’agisse des publicités, des vidéoclips, des séries télévisées, de l’industrie de la mode, d’Internet ou des médias sociaux, tous contribuent à leur manière au phénomène que nous appelons l’hypersexualisation. L'hypersexualisation fait référence à la grande place qu'occupe la sexualité dans notre société et dans les espaces publics. Il s'agit, entre autres, de mettre un accent exagéré sur la sexualité d'une personne, au détriment des autres aspects de sa personnalité ou de son individualité. L'hypersexualisation, c'est aussi donner un caractère sexuel à un comportement ou à un produit qui n’a pourtant rien de sexuel, utiliser le corps et la sexualité dans le but de vendre un produit, etc.

Si ce phénomène nous concerne tous, l’adolescence est une période durant laquelle les jeunes y sont particulièrement sensibles. Ils cherchent à définir leur identité, leurs valeurs et leur place dans la société. L'hypersexualisation peut influencer cette quête identitaire en leur faisant croire que leur valeur réside principalement dans leur apparence ou dans leur sex-appeal. Ils sont aussi davantage influencés par les modèles auxquels ils sont exposés. 

Autant les filles que les garçons peuvent être influencés par l’hypersexualisation, même si cela peut se manifester différemment. Par exemple, les filles peuvent en venir à utiliser leur apparence physique ou même la sexualité dans le but de plaire aux autres ou d’obtenir la reconnaissance de leurs pairs. Elles apprennent très tôt à se définir et à se valoriser à travers le regard des autres. Les garçons, eux, peuvent être davantage exposés à des modèles d’hommes forts, libres, indépendants et souvent fascinés par la sexualité et les femmes. 

En plus de banaliser la sexualité et de véhiculer des stéréotypes, l’hypersexualisation peut avoir des conséquences sur notre façon de penser, nos comportements, notre sexualité et même nos relations. Elle peut pousser les jeunes à adopter des attitudes et des comportements à caractère sexuel qui ne sont pas adaptés à leur âge ou à leur stade de développement. C’est à ce moment que l’on parle de sexualisation précoce. Cela se manifeste dans leur façon de se vêtir, leur langage, leurs relations amoureuses (p. ex. : envoi d’images intimes) et dans bien d’autres sphères de leur vie. Plusieurs conséquences peuvent aussi découler de l’hypersexualisation : une faible estime de soi, une insatisfaction face à son image corporelle, l’intériorisation de stéréotypes sexuels, etc.

Bref, il est vrai que les jeunes peuvent adopter certains comportements sexuels précoces. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils se sentent prêts à être actifs sexuellement (ou qu’ils le sont). Leur développement sexuel demeure le même, seulement, il survient dans un contexte bien différent des générations précédentes. Il ne faut pas confondre sexualisation précoce et sexualité précoce ! 

Quel est le lien entre l'hypersexualisation et l'exploitation sexuelle ?

La présence de l’hypersexualisation dans notre société peut avoir plusieurs conséquences qui augmentent le risque d'exploitation sexuelle. Par exemple :

  • Désensibiliser les jeunes face à la sexualité (p.ex. : croire que la pornographie reflète la réalité, dissocier les sentiments et les relations sexuelles).

  • Banaliser les violences sexuelles et parfois en faire la promotion.

  • Générer une certaine pression pour avoir des relations sexuelles ou pousser les jeunes à adopter des pratiques sexuelles alors qu’ils ne le souhaitent pas vraiment ou qu'ils ne se sentent pas prêts (p. ex. : sexe oral).

  • Normaliser le fait d’utiliser le corps de l’autre et même de l’exploiter à différentes fins. Les personnes qui exploitent ainsi le corps de l'autre peuvent avoir l’impression que leurs comportements sont approuvés par la société, alors que celles qui en sont victimes pourraient avoir de la difficulté à se percevoir comme telles.

  • Renforcer des stéréotypes sexuels.

Évidemment, l’hypersexualisation n’explique pas à elle seule le phénomène d’exploitation sexuelle, mais elle y contribue à sa façon!

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Avoir une sexualité saine, c’est quoi ?

La sexualité saine et positive va bien au-delà l’évitement des comportements sexuels à risque et leurs conséquences. C’est aussi :

  • Accepter notre corps, notre identité, notre expression de genre, notre orientation sexuelle, mais également celles des autres.
  • Développer des habiletés de communication efficaces.
  • Être informé afin de prendre des décisions importantes qui concernent notre santé sexuelle.
  • Comprendre les bienfaits de la sexualité, mais aussi les risques et les responsabilités que cela implique.
  • S’assurer d’avoir accès au matériel nécessaire pour réduire les risques tant pour soi-même que pour les autres (p. ex. : condom ou digue dentaire).
  • Connaître les ressources autour de soi et savoir comment accéder à de l’information ou à des services si le besoin se présente.
  • Avoir une bonne compréhension de ce qu’est le consentement.
  • Connaître ses limites et celles des autres, et les respecter.

L'importance de l'éducation à la sexualité

Si elles sont parfois embarrassantes, les discussions entourant la sexualité permettent de transmettre aux jeunes des valeurs et des limites, et prévenir certaines situations à risque. Il ne s’agit pas uniquement d’aborder le plaisir sexuel, mais aussi d’autres thèmes comme le respect, l’estime de soi, le consentement, l’amour, l’égalité entre les sexes et les émotions. La sexualité, ce n’est pas qu’une question de relations sexuelles. En témoignant de notre ouverture à ce sujet, cela peut amener les jeunes à se sentir plus en confiance pour aborder des questions relatives à la sexualité une fois arrivés à l’adolescence. Ils pourraient ainsi être plus à l’aise de parler de leurs éventuelles préoccupations ou de situations d’abus.

En plus de la famille et des proches, l'école a elle aussi une responsabilité en matière d’éducation à la sexualité. Celle-ci est d'ailleurs intégrée obligatoirement au cursus scolaire des élèves dans le cadre du programme Culture et citoyenneté québécoise. Tous les contenus d'éducation à la sexualité dispensés en milieu scolaire ont été conçus pour répondre aux besoins des enfants et des adolescents, en respectant leur développement et leur âge. Ces contenus ont été soigneusement développés par des experts en pédagogie, en sexologie et en santé. Ils sont également appuyés par les plus récentes recherches dans ce domaine. Pour en savoir plus sur les contenus abordés avec les jeunes en milieu scolaire, vous pouvez consulter le site web du Gouvernement du Québec en cliquant ici.

Le consentement à des activités sexuelles

Donner son consentement signifie que l’on donne notre accord volontaire pour s’engager dans toute forme d’activité sexuelle (embrasser, toucher, être exposé à des vidéos à caractère sexuel, avoir une relation sexuelle, etc.). Le consentement, c’est aussi une question de respect : le respect de soi-même et celui de l’autre. Il nécessite qu’on soit attentif à comment l’autre se sent, qu’on n’hésite pas à poser des questions ouvertes et qu’on respecte la réponse. Au-delà des mots, le comportement de l’autre nous donne aussi un bon indice sur son consentement (p. ex. : si la personne s’éloigne ou se détourne, si elle se fige car elle est mal à l’aise).  

Il y a certaines notions fondamentales pour bien comprendre le consentement : 

  • On ne peut pas le présumer : le silence ou l’absence d’un « non » ne peut pas être interprété comme un consentement. 
  • Il n’est pas définitif : il peut être révoqué à tout moment pour n’importe quelle raison.
  • Il peut uniquement être donné par la personne concernée.
  • Il doit être libre et éclairé : si le jugement de la personne est influencé, par exemple, par son état d’ébriété au moment de la relation sexuelle, son consentement pourrait être considéré invalide. C’est le cas également si une personne accepte d’avoir une relation sexuelle sous l’influence de menaces ou de la force.
  • Il n’est pas valide en présence d’une relation d’autorité, de dépendance ou de toute forme d’exploitation.

Si vous avez vécu une situation où votre consentement à réaliser une activité sexuelle n'a pas été respecté, les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) offrent des services de soutien gratuits aux jeunes et à leurs proches. N'hésitez pas à les contacter.

Ce que dit la loi

Afin de protéger les enfants et les adolescent·e·s, la loi prévoit des conditions selon lesquelles les personnes mineures peuvent consentir légalement à des activités sexuelles. Ces conditions dépendent principalement de l’âge des partenaires : 

  • Une personne de moins de 12 ans ne peut pas consentir à des activités sexuelles, et ce, peu importe le contexte.

  • Une personne âgée de 12 ou 13 ans peut consentir à des activités sexuelles avec une personne de moins de 2 ans son aîné.

  • Une personne âgée de 14 ou 15 ans peut consentir à des activités sexuelles avec une personne de moins de 5 ans son aîné.

  • Une personne âgée de 16 ans ou plus peut consentir à des activités sexuelles avec une personne plus âgée qu’elle, sans limite d’écart d’âge. Si son ou sa partenaire est plus jeune, il ou elle doit avoir au minimum 14 ans.

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Quand sexualité rime avec risque

La frontière qui délimite ce qui est « normal » ou non dans l’exploration de la sexualité chez les jeunes peut être difficile à tracer. En tant que parents ou proches, certains comportements peuvent nous inquiéter. Il faut savoir que le désir de faire ses propres choix, de remettre en question les limites imposées, de prendre des risques et de vivre des expériences fait partie du développement des jeunes et de leur quête d’une plus grande autonomie. Il y a aussi de nombreux facteurs à prendre en compte, qui ne relèvent pas uniquement des jeunes eux-mêmes, qui peuvent les pousser à adopter certains comportements : les amis, les normes culturelles, l’influence des réseaux sociaux, etc.

À travers l’exploration de leur sexualité, les jeunes peuvent adopter des conduites sexuelles à risque, c’est-à-dire pouvant les mettre en danger ou nuire à leur santé physique ou psychologique (grossesse non désirée, infection transmise sexuellement, exploitation sexuelle, etc.). Voici quelques exemples de conduites sexuelles à risque : 

  • S’initier à la sexualité à un jeune âge (avant 14 ans) 
  • Consommer des drogues ou de l’alcool avant une relation sexuelle 
  • Ne pas utiliser de moyen de protection contre les infections transmissibles sexuellement ou les grossesses non désirées
  • Avoir plusieurs partenaires sexuels occasionnels
  • Avoir des relations sexuelles avec des partenaires plus âgés
  • Produire ou envoyer des images à caractère sexuel (sexting) 

En tant que parent ou proche, il est normal d’être inquiet si un jeune a des conduites sexuelles à risque. Voici quelques ressources pour obtenir plus d'information, des conseils ou parler à un professionnel afin d'obtenir de l'aide : 

Parents | Tel-jeunes

Le site web de Tel-jeunes regorge d'information sur différents thèmes liés aux adolescent·e·s, notamment sur les relations amoureuses et la sexualité. Il offre aussi la possibilité de joindre un·e intervenant·e par téléphone ou en ligne afin de lui poser vos questions sur le sujet. Consulter le site web

Le sexe et moi

Le sexe et moi est un site web développé par la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Il adopte une approche pragmatique pour traiter de questions entourant la sexualité. Il s'agit d'une source fiable d'information concernant la puberté, les ITSS, la contraception, la grossesse, le consentement, etc. Consulter le site web

Sexplique

Sexplique est une référence en éducation et en santé sexuelle. En plus d'offrir un soutien téléphonique, par courriel et en personne, l'organisme offre divers ateliers et conférences en lien avec la sexualité dans la grande région de Québec. Consulter le site web

Outiller les jeunes face à l'hypersexualisation

L’Université du Québec à Montréal a développé le site web Hypersexualisation, qui vise à sensibiliser les jeunes et les adultes qui les accompagnent aux phénomènes d’hypersexualisation sociale et de sexualisation précoce, ainsi qu’à proposer des pistes de réflexion et d’action. Consulter le site web

Capsules vidéo sur l'hypersexualisation

Le Y des femmes de Montréal a réalisé des capsules vidéo traitant de l’influence de l’hypersexualisation sur la jeunesse québécoise. Ces capsules sont destinées aux parents et aux adultes afin de les sensibiliser à ce phénomène. Consulter le site web

Outils d’intervention destinés à mieux comprendre le consentement sexuel

Le Y des femmes de Montréal propose un guide d’animation conçu pour les intervenants qui souhaitent réaliser des activités de conscientisation auprès de jeunes (définir le consentement, distinguer les nuances du consentement, démystifier le consentement sexuel et les agressions sexuelles, etc.). Consulter le site web

À bien y penser

Le site web À bien y penser informe et outille les jeunes en lien avec la sexualité et la gestion des risques qui y sont associés (grossesse non désirée, ITSS). Consulter le site web

Étincelles | Pour des parcours amoureux et intimes positifs

Étincelles est un projet qui vise à promouvoir les relations amoureuses et intimes positives et à prévenir la violence chez les jeunes du secondaire. Consulter le site web

 

Références

  • Action Canada pour la santé et les droits sexuels (2023). Être un-e adolescent-e en bonne santé sexuelle, qu’est-ce que ça signifie? Récupéré le 25 janvier 2023.
  • Action Canada pour la santé et les droits sexuels (2023). Le consentement. Récupéré le 25 janvier 2023. 
  • Gouvernement du Québec (2022). Effets de l’hypersexualisation. Récupéré le 27 septembre 2022.
  • Gouvernement du Québec (2025). À propos de l'éducation à la sexualité. Récupéré le 29 janvier 2025.
  • Lambert G, Mathieu-Chartier S, Goggin P, Maurais E et les membres de l'équipe PIXEL. Étude PIXEL, Portrait de la santé sexuelle des jeunes adultes québécois, Institut national de santé publique du Québec, 2017, 182 p.
  • Ministère de la justice (2017). L'âge de consentement aux activités sexuelles. Récupéré le 24 août 2022.
  • Poirier, L. et Garon, J. (2009). Hypersexualisation ? Guide pratique d’information et d’action. CALACS de Rimouski : Rimouski, QC.
  • Therriault, D. (2020). Facteurs associés à la qualité des relations d’attachement aux parents et aux pairs à l’adolescence et associations avec les comportements sexuels à risque précoces (thèse). Université de Sherbrooke, 233 p.
  • Yaron, M. et al. (2018). Sexualité et adolescence : liaisons dangereuses? Guide des meilleures pratiques pour informer les parents. Rev Med Suisse, 14, 843-848.
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